Portrait d’EFE : « Barcelone c’est la tech, et même la très bonne tech »

Français à l’étranger : Vous vivez à Barcelone où vous avez co-fondé Amenitiz. Que propose cette entreprise ?

Emmanuelle Guinefolleau : Amenitiz a été fondée en 2017. Nous proposons une solution qui rassemble tous les outils digitaux dont un hôtel a besoin au quotidien : site internet, système de réservation, centralisation des demandes émanant de canaux comme Booking ou Expedia, outil de check-in, check-out et facturation. Tout est centralisé au même endroit quand, auparavant, les hôteliers avaient besoin de trois ou quatre outils différents pour effectuer ces différentes tâches.

Pourriez-vous nous raconter la genèse de votre entreprise ?

Mon associé Alexandre Guinefolleau a toujours été passionné par l’hôtellerie : ses parents possèdent un hôtel et il a fait l’école hôtelière de Lausanne. En travaillant dans l’établissement familial, il a rapidement compris que la gestion du digital pouvait s’avérer très complexe pour les personnes qui n’ont pas de connaissances informatiques. Or, la plupart des hôteliers n’y sont pas formés. Il a donc eu l’idée de créer un outil qui soit simple d’utilisation à destination des hôteliers indépendants. Cela a tout de suite bien fonctionné et nous comptons aujourd’hui plus de 10 000 clients à travers l’Europe. Nous avons aussi ouvert il y a moins d’un an un bureau à Medellín, en Colombie, car notre activité se développe beaucoup en Amérique latine.

Pourquoi avoir choisi de vous implanter à Barcelone ?

Nous avons choisi de nous installer à Barcelone car notre entreprise a, depuis le début, une vocation internationale et que cette ville possède un écosystème multiculturel. Ici, il est facile de recruter des personnes qui parlent des langues variées : nous comptons aujourd’hui 35 nationalités parmi nos 320 salariés, sachant que nous recrutons encore 150 personnes cette année. Ensuite, Barcelone c’est la tech, et même la très bonne tech. Cela avait donc du sens pour nous de venir ici pour développer notre technologie.

Comment décririez-vous la communauté des entrepreneurs français à Barcelone ?

La ville compte deux réseaux importants pour les entrepreneurs français qui y sont implantés. La CCI France Espagne de Barcelone facilite le networking et encourage la solidarité entre tous. Elle a créé une application sur laquelle on peut trouver l’ensemble des membres de la chambre de commerce et les contacter directement. La CCI rassemble aujourd’hui beaucoup de grosses entreprises dont un certain nombre de startups qui ont grossi au fil des ans. On voit de plus en plus de « success stories » de boîtes françaises à Barcelone qui participent désormais pleinement au dynamisme de la ville. Ensuite, la French Tech est très active ici. Je fais partie du bureau et nous mettons un point d’honneur à proposer des événements et à favoriser l’entraide, notamment entre les entrepreneurs sur place et ceux qui souhaitent s’y installer.

Que pourriez-vous dire de Barcelone à des personnes qui envisagent de s’y installer ?

Le point positif qui ressort tout de suite c’est le fait que la ville compte beaucoup de talents et qu’il est simple de recruter. On trouve par ailleurs encore des locaux à des prix raisonnables, contrairement à beaucoup d’autres grandes villes européennes. Ensuite, les barrières administratives sont peu nombreuses: il est facile de créer son entreprise à Barcelone, d’autant qu’on peut être accompagné par la CCI dans ses démarches. Il faut néanmoins savoir que la communauté française est très importante, ce qui peut être un avantage sur le plan entrepreneurial mais ne permet pas de véritable dépaysement. D’ailleurs, un certain nombre de Français vivent ici depuis des années sans parler espagnol!