Afrique
Burkina Faso
La suite du processus de transition était au centre des Assises nationales organisées les 25 et 26 mai derniers à Ouagadougou. Ces rencontres, en présence de représentants de la société civile et de chefs coutumiers mais boycottées par une grande partie de la classe politique, ont été marquées par l’annonce d’une nouvelle durée de la période dite « de transition » qui sera finalement fixée à cinq ans à compter du 2 juillet 2024. Initialement, ce mois de juillet devait pourtant permettre le retour à un régime civil. À la tête de la junte qui a perpétré le coup d’État du 30 septembre 2022 (succédant à un autre coup d’État en janvier de la même année), le capitaine Traoré pourra également se porter candidat à ce futur scrutin présidentiel, remisé à une date encore incertaine. Seul bémol à ce pouvoir réaffirmé de la junte, cette nouvelle charte de transition précise que des élections « pourraient être organisées avant l’échéance de soixante mois si les conditions de sécurité le permettent ». Cette nouvelle charte stipule également que le « patriotisme » sera désormais le seul critère de sélection des futurs députés de l’assemblée. En outre, une nouvelle institution, le Korag, sera amenée à « contrôler la mise en œuvre de la vision stratégique du pays, dans tous les domaines et par tous les moyens ».
Guinée
Le 21 mai dernier, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), regroupement civique qui rassemble partis politiques, acteurs de la société civile et syndicats, s’est réuni lors d’une conférence à la Maison de la presse de Conakry pour protester contre toute tentative de prolongation de la période de transition. Le lendemain, la junte militaire au pouvoir, par la voix de son ministère de l’Information et de la Communication, a annoncé le retrait de plusieurs licences de médias privés en raison du « non-respect du contenu des cahiers de charges ». Six chaînes de radios et télévisions, parmi les plus suivies dans le pays, sont concernées par cette mesure. En dépit de l’interdiction, depuis 2022, de toute manifestation, le FNDC a menacé de reprendre sa mobilisation en cas de prolongation de cette période dite de transition au-delà de la fin de cette année. Pour rappel, la Guinée est gouvernée par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), émanation de la junte dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya qui a pris le pouvoir à l’issue du coup d’État du 4 septembre 2021, renversant l’ancien président Alpha Condé.
Sénégal
L’opinion publique sénégalaise est divisée à la suite des arrestations de l’activiste Ba Diakhaté et du prêcheur Cheikh Ahmed Tidian, arrêtés aux motifs de « diffusion de fausses nouvelles » et « offense » envers Ousmane Sonko, le nouveau chef du gouvernement. En réaction au discours de ce dernier, le jeudi 16 mai, Ba Diakhaté avait accusé Sonko d’homophobie. A contrario, le prêcheur Cheikh Ahmed Tidian avait reproché au Premier ministre de faire preuve de complaisance vis-à-vis de l’homosexualité. Ces arrestations ont un effet de polarisation de la société sénégalaise, les uns y voyant une atteinte à la liberté d’expression quand d’autres les justifient. Pour rappel, l’homosexualité est passible d’une peine d’emprisonnement au Sénégal, ainsi que la diffamation et la diffusion de fausses nouvelles. En l’état, de nombreux opposants et des organisations de défense des droits humains comme Amnesty International plaident pour la liberté d’un débat démocratique.
Amériques
Brésil
Les inondations et glissements de terrains observés depuis le 1er mai dernier dans l’Etat du Rio Grande do Sul sont considérés comme la plus grande catastrophe naturelle qu’ait jamais connu le plus méridional des vingt-sept États du Brésil. Certaines zones de basse altitude de la capitale régionale, Porto Alegre, sont toujours inondées et l’aéroport International Salgado-Filho demeure fermé pour une durée indéterminée. L’état d’urgence a été déclaré et les derniers bilans font état de 163 morts, 72 disparus et de plus de 600 000 déplacés internes. De surcroît, plus de 170 000 personnes sont encore sans électricité et des pénuries d’eau sont à déplorer dans l’ensemble de l’Etat. Par ailleurs, des actes de vandalismes et des cambriolages ont aussi été constatés dans les zones les plus touchées par les inondations.
Equateur
La « deuxième phase de la guerre » contre la drogue et le crime organisé a conduit le président Daniel Noboa, le 22 mai dernier, à réinstaurer l’état d’urgence jusqu’au 22 juillet dans sept provinces équatoriennes. Ces provinces sont celles de El Oro, Guayas, Los Rios, Manabí, Orellana, Santa Elena et Sucumbíos. Le canton de Camilo Ponce Enríquez (province d’Azuay) est également soumis à cet état d’urgence qui doit renforcer les dispositifs de sécurité, notamment la présence de l’armée sur la voie publique, mais qui ne devrait pas inclure de couvre-feu. Les opérations de sécurité pour tenter d’endiguer les exactions des gangs devraient ainsi croître dans les centres urbains, avec des risques potentiels d’affrontements.
Asie/Pacifique
Taïwan
Le discours d’investiture du nouveau président taïwanais Lai Ching-te, le 20 mai dernier, a été vilipendé par Pékin qui l’a accusé de « trahison envers sa nation et ses ancêtres ». Le lendemain, le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, a également menacé le petit État insulaire de « représailles ». En conséquence, et en guise de « punition sévère pour les actes séparatistes des forces “indépendantistes de Taïwan” et [d’]avertissement sévère contre l’ingérence et la provocation des forces extérieures », le gouvernement chinois a organisé deux jours de manœuvres militaires autour de Taïwan le 23 mai. Ces opérations, appelées « Glaive uni 2024A », avaient pour objectif de tester la « capacité [de la Chine] à prendre le pouvoir » en vue d’une « réunification complète ». Face à ces nouvelles menaces et à ce regain de tension, les garde-côtes taïwanais ont déployé leur flotte en mer pour défendre « la souveraineté et la sécurité » de l’île, Taïpei qualifiant ces actions chinoises de « provocation et actions irrationnelles ».