Français à l’étranger : Vous êtes à la tête de l’entreprise Keyweo basée en Espagne. Que propose cette entreprise ?
Guillaume Peltier : Nous sommes une agence de marketing digital. Nous proposons à des entreprises de toutes tailles de l’aide pour augmenter leur visibilité sur le web. Cela se fait par trois grands canaux. Il y a tout d’abord le SEO (Search Engine Optimization), qui permet d’optimiser un site pour améliorer son classement dans les moteurs de recherche. Le second est le SEA (Search Engine Advertising), pour gagner en visibilité par des annonces publicitaires sur les moteurs de recherche également. Enfin, il y a le SMA (Social Media Advertising) qui est un type de publicité apparaissant cette fois sur les réseaux sociaux. Nous travaillons pour toutes sortes d’entreprises dans quatorze pays différents. Nous les aidons principalement à se développer à l’international.
Pourriez-vous nous raconter la genèse de la création de votre entreprise ?
Avec Guillaume Bonnard, l’autre co-fondateur de Keyweo, nous nous sommes rencontrés il y a neuf ans lorsque nous sommes arrivés à Barcelone pour y faire un VIE. Nos deux anciens patrons, qui avaient eux-mêmes créé leur entreprise ensemble à 30 ans, nous ont mis en contact car ils trouvaient que nos profils et nos compétences étaient complémentaires. Et en effet, ça a très vite matché entre nous ! Nous avons commencé à créer à côté de nos emplois respectifs quelques événements à Barcelone dans le domaine du digital. Et de fil en aiguille, après quelques années d’expérience en direction marketing, nous avons commencé à discuter de l’idée de créer notre propre agence. C’est comme ça que nous nous sommes lancés en tant que freelances en 2018, puis avec la société Keyweo qui a vu le jour en 2020.
Vous avez créé Keyweo en Espagne : pourquoi ce pays ?
Après quelques années passées en Espagne nous avions pu construire un certain réseau professionnel sur place, que nous avons mis à profit lors du lancement de Keyweo. De plus, la pandémie de Covid-19 nous a prouvé qu’il était possible de tout faire à distance dans le domaine du digital : aujourd’hui nous travaillons presque uniquement en visio avec nos clients, même si j’essaie d’aller à leur rencontre tous les quatre à six mois. Et puis notre plus grande motivation a été la qualité de vie espagnole à laquelle nous nous étions habitués. C’est plaisant d’habiter dans une ville vivante au bord de la mer.
Quels sont les avantages de l’Espagne pour entreprendre ? Et les inconvénients ?
L’Espagne est un pays qui attire énormément de talents internationaux. Beaucoup, comme moi, ont envie d’avoir une expérience à l’international et se tournent vers Barcelone pour sa qualité de vie. On peut y recruter des Français, mais aussi des Italiens ou des Allemands beaucoup plus facilement que dans une grande ville française comme Lyon ou Bordeaux par exemple. C’est ce qui nous a permis de créer une agence portée sur l’international. Toutefois, cela peut aussi être un inconvénient. La majorité des expatriés ne restent que trois à cinq ans et rentrent dans leur pays natal après avoir vécu leur expérience à l’étranger. Ce renouvellement perpétuel peut être un peu pesant. Et il y a aussi la difficulté de la langue. Même si Guillaume et moi maîtrisons l’espagnol, créer une société dans une langue étrangère n’était pas facile, pour tous les aspects administratifs, légaux, etc. Cela peut être un frein mais c’est comme tout : on finit par apprendre avec le temps.
Comment décririez-vous la communauté des entrepreneurs français en Espagne ?
C’est une communauté très développée, et c’est d’ailleurs un point qui m’a conforté dans mon idée de rester ici. Grâce à elle, nous avons pu nouer des liens et créer un vrai réseau, une identité à l’étranger. Il y a une réelle entraide et une cohésion entre Français. Nous nous recommandons mutuellement, à tel point que nous n’avons jamais eu besoin de faire de prospection. Aujourd’hui nos clients nous contactent majoritairement sur recommandation. Je suis notamment inscrit au sein d’une liste Google Mails d’entrepreneurs du digital français à Barcelone. Nous travaillons aussi régulièrement avec Guillaume Rostand qui est le président de la French Tech Barcelone. Il y a aussi la Chambre de commerce et d’industrie française de Barcelone qui nous permet de développer nos contacts.
Que conseilleriez-vous à un Français qui souhaite monter son entreprise en Espagne ?
Mon principal conseil serait de réussir à s’intégrer dans la communauté française et de bien s’entourer. Avoir un réseau de gens qui ont déjà créé leur entreprise à l’étranger permet d’éviter certaines erreurs. Il faut aussi faire preuve de résilience ! Mais je ne peux que conseiller de se lancer, c’est un réel challenge d’entreprendre à l’étranger et l’Espagne est un terrain propice pour cela.