Français à l’étranger : Quel est l’objectif de Friends of Fondation de France ?
Domitille Marchal-Lemoine : Friends of Fondation de France est une association de droit américain à but non lucratif de type 501(c)(3). Elle a été créée en 2000 pour faciliter les dons américains vers des organisations françaises. Le projet a été initié par une équipe de la Fondation de France – d’où le nom – mais si certains de nos 160 projets sont liés à la Fondation de France, la grande majorité sont des projets que nous portons indépendamment. Depuis la création de Friends of Fondation de France, nous avons dû accompagner environ 180 projets – car ils restent généralement chez nous, très peu s’en vont – et avons levé environ 50 millions de dollars. Nous accompagnons majoritairement des organisations françaises, mais également internationales à la suite de demande de porteurs de projets européens, africains ou asiatiques qui nous ont également sollicités pour lever des fonds aux États-Unis. C’est le cas de l’Italie, du Liban… Mais cela reste minoritaire dans nos activités, et ces organismes étrangers ont généralemen un lien avec la France.
Comment est né le projet ?
À l’origine ce sont les donateurs qui en ont exprimé le besoin : ils souhaitaient donner à des projets français, mais ils étaient freinés par le fait qu’ils ne pouvaient pas le faire en bénéficiant d’une déduction fiscale aux États-Unis. Cela avait un impact sur la potentialité de gros dons. Il y avait aussi la dimension d’appréhension de donner à l’étranger quand on n’est pas sûrs de la sécurité des projets depuis les États-Unis. Le fait de donner via une fondation de droit américain qui s’assure de la viabilité des projets et qui effectue toute une procédure de vérification était d’une grande importance pour les donateurs américains.
Comment se déroule le processus pour un organisme français qui souhaite lever des fonds aux États-Unis ?
Les porteurs de projet candidatent auprès de Friends of Fondation de France. Nous les sélectionnons dans la mesure où nous réalisons une enquête de vérification sur le fait qu’il s’agit de projets stables, viables etc, et en conformité avec le droit américain, mais nous n’avons pas de limite en termes de nature de projets. Ensuite, cela dépend de chaque situation les donateurs individuels peuvent être sensibilisés via les réseaux sociaux, ou des campagnes spécifiques. D’autres projets vont plutôt attirer des fondations ou de très grands donateurs, des mécènes qui donnent directement plusieurs centaines de milliers de dollars voire un million de dollars… Donc sur chaque projet l’angle est différent et la manière de procéder est différente. De plus, nous avons observé une véritable augmentation des dons vers la France : les Américains s’intéressent de plus en plus aux projets français. Et cela entraîne une augmentation du nombre de projets : quand je suis arrivée en 2022 il y avait 75 projets actifs, contre 160 maintenant.
Quels sont les domaines les plus porteurs ?
Aujourd’hui, une grosse partie des levées de fonds que nous effectuons sont pour la recherche médicale et scientifique, puis les projets liés à la culture. Il existe beaucoup de partenariats scientifiques entre la France et les États-Unis et l’Hexagone est reconnue comme étant à la pointe dans ce secteur. Ces levées de fonds permettent de financer des partenariats dans la recherche scientifique entre les deux pays, ou encore de financer de la recherche en France qui sera ensuite utile aux Américains. Aux États-Unis, la recherche scientifique était majoritairement financée par l’État américain, mais il ne finance désormais plus que la recherche qui permet d’obtenir des résultats tangibles. Tout ce qui relève de l’innovation n’est plus financé par les fonds publics, et progresse uniquement grâce à la philanthropie, notamment en France.
Quels sont les projets les plus réussis ?
Nous avons quelques belles histoires, notamment un très gros don pour l’Institut Imagine pour les maladies génétiques : il a réussi à lever 1,4 millions d’euros l’année dernière ce qui va modifier totalement la recherche sur l’impact génétique de certaines maladies. Une autre belle histoire, c’est un donateur français qui vit aux États-Unis depuis une soixantaine d’année, et qui l’année dernière a décidé de faire un don d’un million de dollars pour des projets français ainsi qu’un projet au Liban. Il a donné près d’un million de dollars à neuf organisations. Cela a notamment permis pour l’organisation au Liban de maintenir des centre de soin pour l’Ordre de Malte donc ce sont des moments où ces dons ont eu un réel impact sur les organisations qui ont pu les recevoir.