Portrait de la semaine
FranceInfo, Français du monde. « Détroit : un système D à toute épreuve »
Après la faillite de 2013, délaissés par les services publics, les habitants de la plus grande ville du Michigan n’ont pas attendu pour s’en sortir. Potagers participatifs, collectifs artistiques et écologiques, les citoyens ont pris leur destin en main, comme en témoignent ces deux Françaises de Détroit.
C’est un quartier à l’abandon, comme il en existe énormément, une fois quitté le centre de Détroit. Nous sommes à Core City, un bloc de quelques bâtiments anonymes, au croisement de deux larges avenues. C’est ici qu’un milliardaire américain a décidé d’investir une partie de sa fortune pour tenter de redonner vie à ces lopins de terre. Le pari est osé. Résultat : quelques restaurants et galeries branchés ont déjà ouvert dans d’anciens buildings, à l’abandon depuis des années. Margaux Guicheteau a choisi de faire construire sa future maison à Core City, où l’architecture est résolument futuriste. L’objectif est de redonner vie à ce quartier, explique la Française. « L’idée est de créer une atmosphère parce qu’on a un problème, on n’a pas assez de monde, et l’idée, c’est comment amener les gens ensemble, que ce soit dans la journée et aussi le soir. »
Plusieurs acquéreurs se sont lancés dans le projet. Du coup, en déambulant dans les rues défoncées où les poubelles ne sont plus ramassées depuis des années, on croise une maison à l’allure futuriste, à plusieurs millions de dollars, à côté d’une bâtisse en ruines, mais toujours habitée. Des galeries d’art ont également ouvert à Core City. La difficulté, témoigne la Française, est de faire cohabiter ces deux communautés. « On est tous plus ou moins stables d’un point de vue financier, et on arrive ici, on a de grands rêves, de grandes visions. Comment on combine cela avec les gens qui sont ici depuis tout le temps, qui vraiment n’ont plus rien du tout ? C’est toujours la notion de gentrification. »
À quelques minutes de voiture de Core City, on tombe sur tout un quartier de tiny houses, de petites maisons, des micrologements pour foyers modestes, vendues autour de 80.000 dollars, explique Pascale Bauer, une Française de Détroit. « Ils ont eu l’idée géniale de se dire : pour donner accès à la propriété à des gens qui n’ont pas beaucoup d’argent, il faut penser les choses de façon attractive, donc ils ont fait appel à des designers et des architectes,et ils ont construit sur trois à six rues, une soixantaine de maisons qui ont toutes une identité différente. »
Chaque maison mesure entre 27 et 37 m2. Construites par des artisans locaux et des bénévoles, elles sont vendues entièrement meublées, et équipées de tout le matériel électroménager nécessaire, et destinées plutôt à des couples ou des familles monoparentales. « Ce sont de toutes petites surfaces, témoigne la Française, un grand studio et il peut y avoir une chambre séparée. Mais tout a été non seulement designé à l’extérieur avec soin, mais aussi à l’intérieur. Vous achetez une maison qui est vraiment chouette, et moi, j’adore y aller, me balader et rencontrer ces personnes qui vivent souvent seules ou avec un enfant. »
Le logement social n’étant plus ancré dans la culture américaine depuis de nombreuses années, ce projet de micromaisons a été financé par des dons privés, ainsi que par plusieurs fondations, notamment celle du constructeur automobile Ford, dont Détroit est le berceau. Lire et écouter la chronique ici
Aller plus loin
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