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Rencontre avec Florian Bohême : Une double casquette au service des Français au Cambodge

Florian Boheme, élu des Français de l’étranger et entrepreneur établi au Cambodge, partage avec nous son parcours unique et ses expériences. Entre engagements politiques et défis entrepreneuriaux, découvrez comment il réussit à conjuguer ces deux mondes.

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Florian Bohême, élu des Français de l’étranger et entrepreneur établi au Cambodge, partage avec nous son parcours unique et ses expériences. Entre engagements politiques et défis entrepreneuriaux, découvrez comment il réussit à conjuguer ces deux mondes.

Pouvez-vous nous retracer votre parcours jusqu’à votre arrivée au Cambodge ?

Je suis arrivé au Cambodge il y a 10 ans, fin 2014. Je mettais fin à 10 années professionnelles intenses, en tant que collaborateur d’élus. Mon dernier poste était chef de cabinet de la ministre chargée de la francophonie. Le moment était venu pour moi de tenter l’expérience de l’international.

Le Cambodge s’est imposé assez naturellement. Au début l’hésitation était entre : le Cambodge, la Thaïlande et le Vietnam. Le Cambodge a de nombreux atouts, car c’est le seul pays d’Asie du Sud-Est où les étrangers peuvent investir 100 % du capital de leur entreprise, grâce à une loi qui facilite les investissements étrangers. De plus, le pays affiche un taux de croissance annuel minimum de 5 % depuis plus de 10 ans, ce qui contraste fortement avec l’Europe.

Pour en revenir à mon parcours, je viens d’une famille de commerçants. J’ai fait des études et commencé ma carrière professionnelle dans l’hôtellerie-restauration, puis j’ai repris une faculté d’histoire, ce qui m’a conduit à m’engager davantage en politique. Maintenant, au Cambodge, je combine ces deux aspects avec mon entreprise de conseil dans le domaine du Food and Beverage, de l’hospitalité et du tourisme. J’accompagne et je soutiens des investisseurs locaux.

Comment vous êtes-vous engagé dans la vie politique des Français à l’étranger ?

Depuis tout petit, je suis engagé, notamment contre les discriminations. J’étais délégué de classe, à 18 ans, j’étais l’un des plus jeunes conseillers municipaux en France, à Houilles. En arrivant à l’étranger, j’avais besoin d’une pause après un engagement militant intense. Cependant, cette pause a été courte, car je me suis réengagé rapidement dans une association, Français du Monde — ADFE, reconnue d’utilité publique, qui accompagne les Français à l’étranger.

En 2017, j’ai été désigné par le Parti socialiste comme candidat aux élections législatives après le départ du candidat initial pour rejoindre Emmanuel Macron. Bien que je n’aie pas été élu, cette année a marqué mon réengagement politique et associatif pour les Français de l’étranger.

En 2021, je suis devenu conseiller des Français à l’étranger au Cambodge puis j’ai été élu dans la foulée à l’Assemblée des Français de l’étranger à Paris.
Aujourd’hui, en présidant la commission des affaires sociales de l’Assemblée des Français de l’étranger, je lutte contre les inégalités rencontrées par les Français de l’étranger. Mon objectif est d’améliorer leur quotidien, même par des actions minimes. Tout cet engagement m’a structuré intellectuellement, m’a permis de comprendre pourquoi je me bats, et m’a donné des priorités claires dans mon engagement.

Pouvez-vous expliquer le rôle de l’Assemblée des Français à l’étranger ?

L’Assemblée des Français à l’étranger (AFE) est souvent méconnue, mais elle est très utile. Sa mission principale est de conseiller le gouvernement sur les politiques mises en place pour les Français à l’étranger. Nous produisons de nombreux rapports pour influencer ces politiques. Nous ne sommes pas toujours écoutés mais bien souvent, des années après, nos propositions ressortent à la faveur de telle élection ou telle nouvelle politique publique.

Je préside la commission des affaires sociales, de l’emploi, de la formation et du monde combattant. Cette commission couvre divers sujets, tous liés à la protection sociale, comme l’emploi, les retraites, la santé et le suivi des personnes en situation de handicap ou encore de nos compatriotes en situation de précarité.

Nous nous réunissons deux fois par an en session à Paris pendant une semaine. Le reste du temps, nous travaillons de manière continue sur les différents dossiers.

Par exemple, pour ma commission, nous nous réunissons tous les deux mois environ pour préparer nos sessions, approfondir les sujets, etc. Le gros du travail se fait pendant notre présence à Paris, mais entre les sessions, nous nous retrouvons en visio. Dans ma commission, il y a en moyenne 15 à 16 élus, elle et ils sont au Canada, en Australie, aux Pays-Bas, en Côte d’Ivoire, en Algérie, et d’ailleurs. C’est un défi de coordonner les réunions à cause des différents fuseaux horaires !

Pouvez-vous expliquer concrètement le rôle du conseiller des Français à l’étranger ?

Il y a une loi qui définit notre rôle consultatif auprès des ambassades dans quatre domaines principaux : l’éducation, les affaires sociales, le développement économique, et la sécurité. Nous participons aux conseils consulaires pour attribuer les bourses scolaires et les aides sociales, et nous traitons aussi des questions économiques et de sécurité.

D’une façons plus globale, nous avons une clause de compétence générale qui nous permet de pouvoir nous saisir de toutes les questions concernant les Français de l’étranger.

Mon mandat comprend également un rôle d’information et de soutien aux Français du Cambodge. J’anime une boucle d’informations sur le web et j’organise des visioconférences avec des administrations françaises. Je fais également beaucoup d’interventions signalées auprès des administrations pour résoudre des problèmes spécifiques de mes concitoyens. Et bien entendu, je participe aux Conseils consulaires qui est l’équivalent d’un conseil municipal en France.

Quel est votre parcours professionnel au Cambodge ?

De 2015 à 2017, je m’occupais de la gestion d’une maison d’hôtes, un projet plus modeste qui m’a permis de m’adapter aux coutumes locales. J’ai fondé mon cabinet de conseil en 2017.

Ce cabinet de conseil est dans le secteur de la Food and Beverage, de l’hôtellerie et du tourisme. J’accompagne des investisseurs locaux dans le développement de nouveaux projets au Cambodge, en offrant un accompagnement stratégique et de la formation professionnelle. Par exemple, nous avons développé un programme de formation sur la sécurité alimentaire en collaboration avec l’Institut Pasteur du Cambodge.

Nous avons aussi des projets avec des administrations publiques, comme actuellement avec l’UNESCO, pour développer un réseau d’écotourisme en Asie du Sud-Est.

Ce cabinet est un retour aux sources. Je ne crois plus aux carrières figées. J’ai commencé dans l’hotellerie-restauration en France où j’y ai travaillé pendant 7 ans, puis j’ai changé de voie pendant 10 ans et depuis 7 ans je mixe ces deux expériences via ce cabinet.

Quelles ont été les formalités administratives ?

Elles sont de trois types quand vous êtes chef d’entreprise. Il faut avoir un visa business au minimum d’un an. C’est un visa que vous pouvez avoir pour plusieurs années, mais un an, c’est le minimum. La deuxième chose est de créer son entreprise et d’obtenir deux documents essentiels : la patente et la licence du ministère du Commerce. Ces documents vous permettent de vraiment exercer dans le pays. La patente doit être renouvelée chaque année. Le troisième document est le permis de travail. Ce sont les documents essentiels pour pouvoir exercer au Cambodge. Ce n’est pas très compliqué dans les faits, même si cela peut parfois prendre du temps. Il y a des cabinets locaux qui font cela très bien et peuvent vous aider. Pour tout ce qui concerne les affaires administratives, je conseille fortement de travailler avec des cabinets locaux, c’est-à-dire avec des personnes de nationalité cambodgienne. Elles connaissent le pays, la langue, et elles ont une capacité à interagir avec les administrations beaucoup plus facilement qu’un étranger qui ferait du conseil ou qui serait freelance pour accompagner des parcours d’expatriation au Cambodge.


Une fois que vous avez tout cela, il vous reste à déclarer mensuellement vos taxes — cela reste finalement plus simple que ce que nous connaissons en France.

Vos deux rôles d’élu et d’entrepreneur se concilient-ils bien ?

Ce n’est pas difficile de concilier les deux, car je mets une frontière stricte entre mes deux activités. Je travaille principalement avec des investisseurs locaux et je n’ai que rarement des clients français. Si cela se produit, je laisse généralement à une de mes associées prendre le dossier pour bien séparer les choses.

Avoir un cabinet de conseil me permet une certaine souplesse dans mon agenda pour pouvoir concilier mes deux engagements : diriger une entreprise et représenter mes compatriotes. Je me déplace par ailleurs beaucoup au Cambodge puisque j’ai la particularité de travaillé à Phnom Penh la capitale et d’y résider la semaine mais de rentrer chez moi à Siem Reap le week-end à chaque fois que jeux.

Soutenez-vous les initiatives entrepreneuriales françaises au Cambodge en tant qu’élu ?

Oui, bien sûr. Je soutiens les projets menés par la Chambre de Commerce et les demandes de subventions via le STAFE (Soutien au Tissu Associatif des Français à l’Étranger). J’ai initié le projet de Semaine Française de Siem Reap il y’a quelques années puis soutenu l’organisation du marché français à l’ambassade de France au Cambodge.Je suis aussi membre de la Chambre de Commerce au titre de mon cabinet, parce que je pense qu’il est extrêmement important de contribuer à la vitalité économique du Cambodge et de représenter nos intérêts en tant que Français dans ce pays.

Comment est le climat des affaires au Cambodge ?

Très bon. Le Gouvernement Toyal du Cambodge est très attentif à attirer de nouveaux investisseurs. Par exemple, il y a un dispositif qui permet d’avoir une exonération de taxes, appelé le CDC (Centre de Développement Cambodge), que nous pourrions comparer à Business France. Des industries prioritaires pour le pays peuvent bénéficier d’exonérations  de taxes pendant un certain nombre de mois ou d’années selon la taille du projet.
Autre exemple, de l’intérêt de l’État pour les investisseurs étrangers : un forum des affaires sera organisé du 8 au 10 juillet, et il sera inauguré par le Premier ministre du Cambodge en présence de nombreux représentants du Gouvernement, le climat des affaires est donc bon.

Les opportunités sont nombreuses dans le pays, car le taux de croissance reste très élevé par rapport à l’Europe. Le Cambodge est un pays où tout est possible en termes d’investissement. Le défi majeur que je constate est celui de l’interculturel, ne pas le sous-estimer parce que le Cambodge est à 11 000 km de Paris. Le deuxième défi est que le Cambodge reste un pays en développement, donc il y a encore beaucoup de challenges au niveau logistique et infrastructurel. Les plateformes logistiques ne sont pas encore ultra-développées, et les infrastructures routières et de fret restent des défis. Cependant, il y a beaucoup de champs à explorer, notamment dans les industries de services et les technologies de pointe.

Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs français souhaitant s’installer au Cambodge ?

Investir au Cambodge est tout à fait possible et réalisable, mais il est important de bien préparer son projet avant de venir. Tout d’abord, il ne faut pas oublier l’aspect interculturel, car on est quand même à 11 000 km de Paris. Il faut comprendre et respecter les codes du pays. Il est évident qu’il est préférable d’apprendre la langue locale, même si je ne parle pas moi-même le khmer. L’anglais est très utilisé et le français se défend encore très bien dans ce pays enraciné dans la Francophonie.

Ensuite, donnez-vous six mois d’observation dans le pays pour mieux comprendre comment cela fonctionne. Enfin, rapprochez-vous des institutions françaises comme la CCI pour prendre des conseils et vous faire un réseau. Il existe aussi un guide intitulé « Entreprendre au Cambodge », édité chaque année par la Chambre de Commerce, accessible en ligne.

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